L'art de la pause

L'ART DE LA PAUSE

MARDI 14 AVRIL 2020 

Au cours de ma lecture matinale de "L'Acceptation Radicale" de Tara Brach, j'approche par deux fois le livre de mon visage en murmurant "merci!" tellement ses mots m'emplissent le coeur de soulagement. J'ai l'impression qu'elle m'offre un guide "pas à pas" pour gérer les situations conflictuelles avec les adolescents.

Rien qu'en témoignant de sa propre expérience - et avec quelle généreuse et minutieuse qualité d'observation!

Il faut dire que cette période de confinement est propice aux prises de tête entre mon fils César, 11 ans, et moi.

Je balance avec une régularité de métronome entre culpabilité et ras-le-bol...!

Je prends l'habitude, au petit-déjeuner, de pratiquer ce que Tara appelle "l'art de la pause" quelques instants, pour me reconnecter à mes sensations physiques, à "mon présent".
Une parenthèse: juste avant de me mettre à retranscrire ces notes prises ce matin sur mon journal, j'ai écouté Frédéric Lopez parler de méditation et j'ai trouvé ses mots merveilleusement justes. Il dit ceci: "j'ai découvert que méditer, c'est aller vérifier sa météo intérieure, comme on regarde par la fenêtre avant de sortir le matin!".

Tout simplement :)

Donc, je prends le temps de cette pause.

Assise, sans rien faire, yeux fermés, je prends conscience puis je nomme mes sensations physiques (5% de "nommage" pour 95% de connexion aux sensations).

Je prends le temps de regarder attentivement dans mon coeur quelle est "l'ambiance" du moment. De faire plusieurs allers-retours de mon corps à mon coeur (en tant que lieu des émotions).

Je m'aperçois, comme à chaque fois, que les émotions, humeurs, ambiances, évoluent d'instant en instant, comme évoluent les sensations physiques.

Avec une observation fine et attentive, je peux remarquer les micro-changements dans mes ressentis, les va-et-vients des pensées et je passe "en direct"  du temps orageux à la forte pluie puis au soleil radieux...

Chacun de nous est un monde, évoluant au sein d'un monde plus vaste évoluant lui aussi certainement au sein d'un monde plus vaste, à l'infini...

Comment ne pas voir dans les évènements météorologiques extérieurs l'éternelle mouvance des "émotions" de l'Univers? Je réalise en écrivant ces lignes que ça signifie que "Dieu" a des émotions, lui aussi!

Donc, logiquement, on pourrait dire que les émotions sont des évènements constitutifs de la Vie, en tant que succession sans fin de mouvements.
De simples évènements. 
De l'énergie circulant sans fin, à l'image d'une eau de rivière toujours changeante, tantôt calme, tantôt agitée, tantôt lumineuse, tantôt boueuse.

Pouvons-nous accepter toutes nos émotions, reconnaissant la beauté de la nature en elles, et comprenant que nous sommes assis au bord de la rivière?

.../...

Ai décidé de ne plus résister à cette évidence: cette période étonnante me donne l'occasion de faire une "retraite intérieure". Ce besoin d'inaction et de comtemplation en est le signe, c'est évident!

Après avoir laissé la culpabilité mener le jeu ces derniers jours, je fais le choix d'assumer pleinement cette opportunité et ce besoin.

Ma relation à César s'en trouve transformée, ou bien est-ce une conscience nouvelle de certains schémas dans ma relation à lui qui m'a amenée à cette acceptation?

La réponse se trouve sûrement à mi-chemin...

Pendant la pratique du "nommage", une expression a surgi dans mon esprit: l'évasion mentale. Elle définit le moment où on réalise qu'on était parti dans un "train" de pensées. Elle me plaît beaucoup!

Ce qui a changé dans le regard que je porte sur ma relation à César?

Faire confiance à sa capacité à trouver des solutions quand je suis indisponible pour lui. Et ne pas me laisser entraîner par la voix qui juge que je suis une mauvaise mère!

Accueillir les besoins et comportements de mon fils autant que j'accueille mes émotions et mes sensations corporelles. Faire de l'espace pour ça.

Ce serait ça la patience. Avoir confiance que j'obtiendrai ce dont j'ai besoin, le temps venu. Je peux bien patienter un peu!

Du coup, tout cet espace créé pour l'inattendu permet à une belle chose de se manifester sous mes yeux: alors que je suis en train d'écrire mon journal du jour, César vient me parler du film Vice-Versa et des personnages-émotions en nous :)

On joue un moment à se dire nos différentes voix intérieures. Puis il me demande quelles sont mes "îles"? Il nomme les siennes: l'île de minecraft (son jeu vidéo favori, ai-je besoin de préciser?!), l'île de la création, l'île des gros mots!

Les miennes sont: l'île de la famille, l'île de l'amitié, l'île de la coopération. Il me dit avec une évidence naturelle: celle de la famille, tout le monde l'a! Je me demande s'il a raison...

Pendant que je tente d'écrire mon journal du jour, il s'amuse sur mon lit et le défait copieusement! D'habitude, ça me met les nerfs en pelote!

Aujourd'hui, je nomme en jouant: "là, Colère est en train de râler que César va tout foutre en l'air et que je devrai tout refaire, comme d'habitude!". Puis il tombe par terre: "Peur dit qu'il ne faut pas qu'il tombe en ce moment, on ne peut pas aller à l'hôpital!".

Bref, on joue, le moment est léger!

À la fin, les draps et la couette sont sens dessus dessous et César est enroulé dedans. Une horreur pour moi en temps normal :))

Il demande à Chi, notre chatte, de le rejoindre mais elle n'est pas d'humeur. Alors je décide de prendre sa place et je viens m'enrouler à côté de mon fils, par terre. On reste un moment comme ça, ensemble.
Par la fenêtre ouverte, je vois le ciel, bleu, dans lequel baignent les sons de la nature environnante.

Je me pose, je fais une pause et me demande à quoi ressemblerait une journée entière passée comme ça, à faire ce que bon nous semble?

J'ai fait un pas de côté, par rapport à mes réactions habituelles, et le résultat est probant!

Bon, quand il s'agit de refaire le lit et que César essaie d'échapper à cette corvée, la colère monte d'un cran, 3 sur mon échelle personnelle!

J'essaie tant bien que mal de formuler mon besoin d'être respectée...

Sacrée pratique de chaque instant!!!

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