MERCREDI 29 AVRIL 2020 

Ras-le-bol.
Découragement.

Déprime. 

Tu n'y arriveras pas. 

Je serai toujours là, derrière ton illusion de liberté.

Je suis aux commandes.
C'est comme ça. Ma puissance est inépuisable.

Vis avec moi. Tu veux me débrancher. Si tu me débranches, tu te prives d'un outil merveilleux. Je suis aux manettes de ta vie. C'est ainsi.

Blabla, blabla sans fin...

Fatiguée de ce moteur qui tourne en boucle, sans rime ni raison.

Ce matin, au cours de ma pratique, j'observe le "à quoi bon?" tourner en boucle comme un disque rayé.

Et je suis stupéfaite de constater à quel point il n'y a aucune permanence dans les états, les humeurs, pensées qui sont contenus dans notre monde intérieur.

Hier, j'étais comme arrivée au sommet de la montagne russe et tout était calme, suspendu.
Ce matin, je suis en train de redescendre, violemment, et elle est désagréable à mes sens, cette descente.

Regarder sans s'y accrocher le calme comme la descente.

Trouver dans cette observation une tendresse, non issue du mental. Non fabriquée.

Ce matin, cette tendresse m'est hors de portée. Intellectuellement, je sais qu'elle existe car je l'ai déjà éprouvée. Mais elle ne m'est pas accessible pour l'instant.

Ou alors, justement, c'est dans l'instant qu'elle redeviendrait visible. Que je la ressentirais. Mais impossible d'habiter le présent ce matin.

Un fond de tristesse, un sentiment de deuil, parfume par instant mon monde intérieur. Une dépression éphémère autant

que brutale, comme un événement météorologique.

Je m'accroche à cette activité d'observation. Mais en m'y accrochant, je transforme cet état d'observation en activité contrôlable, gérable. Et c'est là que tout m'échappe.

Écrire sans autocensure - le moins possible - permet de regarder en face ces mouvements sans fin. De les mettre à une distance suffisante, pour les voir comme un parent surveille ses enfants jouer dans le bac à sable. On les laisse jouer mais on est vigilant