VENDREDI 10 AVRIL 2020 

En entamant ma pratique, je prends conscience d'un schéma inscrit profondément: je rechigne à prendre ces 40 minutes pour moi, pour rien...

Par la fenêtre, ma voisine travaille son jardin. Elle fait quelque chose!

Alors en moi se met en route un dialogue entre Culpabilité et Justification!

"Moi aussi, je cultive mon jardin intérieur! Et si, en pratiquant, j'étais autant utile au monde?"

Pourquoi ne puis-je pas profiter de cette situation exceptionnelle pour tranquillement et sereinement prendre ce temps chaque jour, sans culpabiliser qu'il est déjà 10h, que je devrais étendre mon linge, prendre une douche,...

Que d'injonctions!

C'est qu'au fond de mon univers intérieur, un gendarme impitoyable a pris possession des lieux. Il ne me laisse jamais en paix. J'ai été éjectée du jardin d'Eden depuis bien longtemps...

Je perçois pourtant en moi cette profonde tranquillité dans laquelle je baignais petite fille. Quand seul le présent était ma réalité. Aujourd'hui, en m'asseyant chaque jour 20 minutes

pour méditer, je tente désespérément de revenir à cet état de grâce.

Je peine, comme Sysiphe, condamné à remonter une lourde pierre tandis qu'elle redégringole une fois en haut...

Hier, en méditant, une voix en moi n'a cessé de hurler: " j'en ai assez de lutter pour tout contrôler! je n'en peux plus! je veux tout lâcher!".
Accueillir cette souffrance sans cesse renouvelée, auto-renouvelée je devrais dire, est LA solution. Se laisser dévorer par la gueule du tigre, avec une acceptation totale et enfin sans plus résister. Quel repos! 

Ce matin, en m'asseyant, j'ai réalisé la joie mêlée de curiosité que j'ai à explorer ce monde fascinant, familier et toujours mystérieux, qui siège en mon sein.

Exploratrice d'un monde sans limite, d'une vitalité sauvage autant que puissante, dans lequel Le loup noir et le loup blanc bataillent sans relâche.

Ce que je peux faire? les regarder être, avec mon coeur et mes bras ouverts, mes deux enfants prodigues...