Les ateliers du vivre ensemble
À PARTIR DU PROJET "IMAGINONS DEMAIN"
Ecole d'E. (13) – 1 classe de CE2/CM1 - 4 ateliers d'1h30 - du 8 au 12 octobre 2018
PRÉCISER SES OBJECTIFS
Suite aux retours de l’équipe pédagogique, j'ai pu préciser et revoir la raison d'être de ces ateliers.
Le premier témoignage est venu de monsieur C. Quand je lui ai nommé les 4 étapes du projet (une production par jour sur 4 jours), il a semblé penser que mon objectif serait impossible à atteindre. Sa réaction m'a donné l'opportunité de réfléchir à ce qu'étaient mes objectifs. Voici mes premières conclusions:
En 4 jours, ces ateliers sont avant tout des "germinoirs" donnant la possibilité de favoriser l'émergence de la pensée et de la confiance en ses ressources propres, ainsi que du "vivre-ensemble". Dans ce contexte, les productions faites par les enfants devraient être vues avec la plus grande neutralité, comme un instantané photographique de leur être en devenir.
> la production de Tom P. me semble à ce titre exemplaire, alors que je jugeais un peu vite cet enfant peu capable.
Depuis 3 ans, je souhaite que ce rendez-vous autour du Mouvement pour la Fraternité soit l'occasion de donner la parole aux enfants et d'entendre ce qu'ils ont à nous dire. Sur leur monde intérieur et sur le monde extérieur tel qu'ils le vivent. Dans ce contexte, il n'y a ni bonne ni mauvaise réponse ou résultat.
De ce point de vue, ce projet vient forcément interférer avec les pratiques habituelles de l'école. Par exemple, afin de favoriser la liberté d'expression, je souhaite ne pas intervenir sur les erreurs d'orthographe. La demande de la directrice de ne pas laisser les erreurs non corrigées m'a obligée à trouver une solution qui m’a convenu. Voici la note que j'écrivais le soir-même:
De la même manière, aucun enfant n'est obligé de participer activement aux propositions d'exercices qui pourraient les mettre en difficulté (verbalement ou corporellement). Ici, ce qu'on expérimente en regardant les autres faire a le potentiel de faire émerger des ressources qui apparaîtront plus tard.
Par ailleurs, je souhaite considérer un enfant qui bavarde ou semble ne pas écouter avec autant de compréhension que cela m'est possible.
L'intention de ce genre de projet est de pouvoir leur donner le temps de réfléchir ensemble et chacun pour soi, notamment sur les règles nécessaires pour bien "s'entendre", au propre et au figuré.
Une évidence s'impose. Avec ce type de projets, il est fondamental de mettre en place un échange préalable avec l'équipe enseignante pour s'accorder sur les objectifs attendus et la place de l'enseignant au sein de la séance.
Mme P., l’enseignante, témoigne du bazar que le manque de cadre génère. Je devrais selon elle être moins dans le dialogue et plus dans la contrainte. Ça ne me convient pas mais comment faire avec ceux qui discutent beaucoup?
La question du nombre d'enfants par classe demande de gérer l'atelier d'une manière spécifique. Des enfants peu habitués à être responsabilisés dans leurs apprentissages ne peuvent probablement pas l'expérimenter en un temps si court.
Le futur qu'ils imaginent pour eux et pour la planète nous donne quelques indices du monde dans lequel ils imaginent vivre plus tard.
À nous de les entendre et de leur offrir le meilleur futur possible, fait de fraternité et de joie de vivre.
Je tiens à remercier tous les enfants pour leur participation. Je tiens particulièrement à remercier la directrice et l’enseignante qui ont permis que ce projet inhabituel puisse se faire dans l’école.
NOTE: à la fin de cette séance, la maitresse témoigne qu'elle ne peut pas laisser les enfants repartir sans que les fautes d'orthographe ne soient corrigées. Je suis bien embétée… je réfléchis rapidement et lui propose de m'en occuper. Elle est ok. Le soir même, je trouve ma solution: je retape tous les textes corrigés à l’ordi, imprime puis découpe les textes de chacun que je colle de façon rigolote sur leurs productions. Résultat: les écrits et dessins des enfants ne sont pas dénaturés et ils peuvent lire les mots correctement orthographiés à côté. De plus, incidemment, je trouve que ça valorise leurs écrits, on les dirait sortis d'un livre!