COLLÈGE GLANUM - Janvier Février 2021

NOTES ATELIERS PHILO

COLLÈGE GLANUM

janvier février 2021

(ST REMY DE PROVENCE)


avec une classe de 4ème et les professeurs Karine, Sarah et Anne-Marie

ATELIERS DE RECHERCHE ET DE DISCUSSIONS, À VISÉE DÉMOCRATIQUE ET PHILOSOPHIQUE

à partir des chansons et de l'histoire du rappeur/slameur KALUNE

 

MERCREDI 27 JANVIER 2021 - 10h40 – 12h25

Une première séance qui me trouble par sa nouveauté. Malgré le processus en petits groupes, j’ai besoin de réunir les élèves en cercle pour l’introduction. On se retrouve donc par terre, à l’entrée du CDI, coincés comme des sardines, à faire connaissance et évoquer la philosophie !

Voici ce qu’ils en savent déjà : la philosophie, ça permet de s’exprimer, de réfléchir à des sujets auxquels on réfléchit pas souvent, comme le racisme, le harcèlement, l’amour, la vie, les lois, la justice. Certains sujets peuvent devenir philosophiques, comme les aliens (sommes-nous seuls dans l’univers ?) ou le viol (viol > violence).

 

Ensuite, la séance se déroule comme prévue. Dans mon idée de départ, je n’avais pas mesuré l’impact de la partie sonore. Heureusement, Karine, la prof de français, a prévu les casques et que chacun ait sa tablette. Certains ne l’ont pas et partagent avec un camarade. Je n’avais pas non plus envisagé qu’ils pourraient ne pas être intéressés par Kalune et ses chansons. Je remarque les différentes manières de fonctionner en groupe :

- ceux que je passe voir et que j’accompagne dans la réflexion puis la gestion de l’écoute des chansons, jusqu’à ceux qui font des listes avec ordre de préférence façon spotify (5 petits cœurs rouges pour la préférée, 1 pour la moins). La tablette ne les invite pas à partager. Bon an mal an, ils y arrivent quand même. Certains ont commencé la retranscription de leur chanson et tous finiront pour la fin de la semaine. Karine prend le relais et récupèrera les textes.

 

 

MERCREDI 3 février - 8h35 – 9h30 puis 10h30 – 11h30

La première séance où je ne prends pas le temps de relire mon programme et oublie le début. Je fais marche arrière. Je l’assume mieux que les 1ères fois où ça m’arrivait.


Extrait de l’atelier :

  1. 15 mn – chaque groupe répond en alternance aux questions posées et Catherine note au paperboard les catégories (vote/unanimité/majorité/décision collégiale/débat):

                 1) comment avez-vous choisi la chanson?

                 2) y a t-il eu des désaccords ? si oui, comment les avez-vous réglé ?

                 3) si non, avez-vous eu le sentiment d’avoir été écouté et d’avoir vous-même pu écouter vos camarades ?

Ça prend du temps et mon objectif n’est pas clair. Où je veux en venir ? Je coche les groupes G1/G2… mais on n’en fait rien de plus. Finalement, j’ai catégorisé en majorité/unanimité/débat/autre.

Je propose cette activité pour :

- qu’ils envisagent les différentes manières de fonctionner en groupe.

- qu’ils puissent s’interroger sur leur façon de réagir en groupe

- qu’ils identifient les solutions qu’ils trouvent pour faire avancer les choses

- qu’ils identifient les sentiments que ces situations leur procurent

Dans un premier temps, je dirais que ce temps devrait être plus long mais pas en grand groupe. Cela démobilise une grande partie. Est-ce que je brouille pas les pistes en proposant la piste des thèmes à faire sortir des chansons et la piste « comment gérez-vous le travail en groupe ? » Pas de réponse pour l’instant…

 

Je suis également insatisfaite de la globalité de cette première séquence pédagogique : faire le choix d’une chanson les a engagés et finalement, on n’en fait rien; Cette matière à rechercher est un prétexte pour moi, mais pour eux ? Quel objectif je poursuis avec ce processus ?

 

Aujourd’hui, je suis attentive à faire moins de commentaires spontanés, pour ne pas délayer la direction. Sentir quand je peux lâcher du lest et quand je retiens est un exercice que j’apprécie particulièrement. J’ai l’impression d’être sur un fil…

Je sens que les jeunes et moi sommes loin les uns des autres. J’ai à cœur de leur parler avec authenticité et qu’ils sentent qu’ils ont de l’importance à mes yeux.

Entre les deux séances, Karine, Sarah et moi avons un échange que je trouve fructueux pour la suite. Karine craint que certains soient largués. Je cherche des pistes pour les « prendre entre 4 yeux ». Finalement, je me recentre sur

« pourquoi je suis là et qu’est-ce qui fait que je leur ai proposé cette recherche ».

En début de 2èmeséance, j’évoque le cercle de discussion, les prochaines séances et, au lieu de leur parler de moi, je leur demande où ils en sont. Bien m'en prend car cela donne naissance à quelques échanges riches, qui font vraiment avancer le propos :

 

Catherine: pourquoi on fait tout ça? Est-ce que vous avez l’impression de comprendre ce que vous faites là? Pourquoi ce projet ? 

E: pourquoi un travail en philo et pas autre chose ?

Catherine: quelqu’un aurait une réponse pour E....?

fille: ça nous pousse à se poser des questions, à se demander certaines choses et pouvoir essayer d’y répondre

garçon: essayer de répondre à certaines questions sans parfois réussir à totalement y répondre

S: ce qu’elle a dit E...., des fois on se pose pas des questions existentielles, de la vie.... Du coup, la « philo » ? (j’acquiesce)… la philosophie ça sert à se remettre en question

Catherine : à remettre en question quoi ?

fille: la vie, les choses de la vie

S: je sais pas si a à voir avec ça, mais moi des fois, je me pose des question sur qu’est-ce qu’il y a après la mort…

garçon: la question de la vie après la mort, je pense que c’est d’abord une question scientifique, mais vu qu’on n’a pas la réponse, on se penche plus vers la philosophie…

Catherine : vous connaissez des questions philosophiques qui sont devenues scientifiques ?

Même élève que la parole précédente: …. si la terre est ronde ?

 

Je décide de faire confiance au processus à l’œuvre dans le groupe et chez chacun. Je pose le postulat qu’il se passe quelque chose chez chacun d’entre eux. Je leur témoigne que je suis convaincue qu’ils ont des choses à dire sur le monde et même des choses intéressantes. À titre d’humains, nous portons tous un regard sur le monde. Demain, ils seront les capitaines du navire, qu’ils le veuillent ou non. Quel choix souhaitent-ils faire ? Abandonner le poste ou décider de le prendre quand c’est possible ?

 

Finalement, je décide que la séance suivante permettra de finir cette session de recherche de thèmes. Je réoriente la prochaine séance vers quelque chose de plus ludique (jeu de dégel et tirage au sort des questions). Bien sûr, mon projet de départ en prend un coup, mais je ne crois pas que ce soit le plus important. J’en suis même convaincue. Cette configuration de classe entière, le côté « scolaire » de nos séances me demande d’aller plus franchement vers la surprise, le bousculement de leurs habitudes d’élèves, parfois résignés… la suite nous dira si ce choix était juste !

 

Du coup, je saupoudre le côté « DVDP » quand je peux mais sans m’y attarder et préfère me focaliser sur les interactions et le côté vivant d’une séance. Avec eux, je tenterai probablement d’amener les habiletés de pensée à dose homéopathique. … En l’écrivant, je me demande tout à coup si je ne devrais pas continuer sur ma lancée d’exigence, les emmener vers là où ils ne pensaient pas pouvoir aller !

 

Karine m’a dit qu’elle travaillait sur Kalune avec eux en français : recherche de qui est ce groupe / les « raconter » avec différents supports… il faudra que nous fassions un bilan à la fin pour observer la globalité de ce projet.

 

JEUDI 4 février – 13h55 - 14h50

 

Suite et fin du « dégagement » des thèmes et proposition de noter chacun une question à mettre dans une boîte pour tirage au sort. La séance a été riche. Certains ont rendus leur question le lendemain en cours de français et le tirage au sort a eu lieu juste après.

 

Je réalise que le cahier ne trouve plus sa place dans nos séances... Si je n'en fais pas une priorité (ou l'enseignant), ça peut vite devenir la 5ème roue du carosse...


MERCREDI 10 février – 8h30 – 9h25

Retours de la pratique de l’attention

Décontractée / trop bien quand il n’y avait plus de bruit (plusieurs) /désagréable le silence / je n’ai plus envie de parler / facilité à entrer dans l’image parce qu’il y avait du silence.

 

Question tirée au sort: qu’y a t-il après la vie ?

 

- définissons les différentes notions de vie : profiter de ce qu’on veut / la solidarité / l’humanité / la famille / de la naissance à la mort / profiter de chaque seconde / la vie du corps (respirer) / gagner de l’argent / évoluer / trouver-chercher le bonheur / trouver-chercher l’amour / la mort ?

 

- ce qu’on croit : enfer et paradis (croyances religieuses/pas de preuve) / la vie de l’âme / pas d’autre vie / le destin (pas vérifiable) / l’âme des morts reste près des vivants (vit à travers nous) / 

- ce qu’on sait : la mort du corps / expérience de mort imminente / cercueil (boîte) > pour conserver le corps (cadavre) > sarcophage

 

À la fin du tour des images, les jeunes les déposent en cercle à l’intérieur du cercle. Spontanément, Sarah prend une des photos pour dire ce qui l’interpelle dedans. Cela amène les autres à faire de même.

 

Mots de la fin

Croyance – vie – mort -  un silence - carpe diem – je sais pas – je sais pas – croyance – conscience – tristesse – la vie – interrogation – cerceuil – pensée – l’esprit – destin – je sais pas trop – la peur – âme – je sais pas -  savoir – mystère – avenir – questionnement - cadavre - je sais pas trop – évoluer – la mort – la fin

 

Je propose de choisir entre le tirage au sort d’une nouvelle question ou continuer sur ce sujet la prochaine séance. À main levée. Je réalise en écoutant l'enregistrement de la séance que certains n’ont peut-être pas osé faire leur choix réel. Je repense au vote "en mon âme et conscience, les yeux fermés". Est-ce que ce serait faisable ?

 

Prochaine séance : quand parle t-on de solidarité ?

 

Karine va prolonger la discussion au cours de l’heure suivante. C'est vraiment une belle collaboration!

Après lui avoir évoqué un petit groupe de garçons qui « s’auto-bullent », je lui dis que je leur proposerais bien de les séparer. Elle me répond qu’il faut les séparer et non leur proposer. Je réfléchis quelques instants et lui répond que je leur demanderais d’argumenter en cas de non. Elle trouve l'idée intéressante et me demande si je peux passer ¼ d’heure avec eux avant la prochaine séance. Un peu surprise par cette proposition, je décide d’accepter, pour voir. Sur le chemin du retour, je précise mon intention. S’ils n’osent pas répondre selon leur cœur ou disent oui sans y réfléchir, je leur demanderai de répéter ce qu’ils m’ont entendu dire (CNV). Je leur demanderai ce que ça fait d’avoir le choix, si c’est difficile de dire non à une adulte qui semble représenter l’autorité. S’ils pensent qu’ils auraient de bonnes raisons de dire non et est-ce qu’on peut en discuter simplement. Suite au prochain épisode!

 

JEUDI 11 février – 14H - 14H50

Retours de la pratique de l’attention

L'image du verre d'eau avait particulièrement bien marchée. Celle d'aujourd'hui crée le désordre!!  Accueillant chaque événement de manière égale, je demande ce qui les fait tant rire. A dit avec un certain aplomb je trouve, qu'ils pensent à la masturbation: agiter la boule pour remuer la neige les entraîne dans cette image. Me voilà dans une drôle de situation! Je ne peux que les remercier, et notamment S d'avoir témoigné qu'il ne voyait pas quoi faire pendant le guidage de la pratique et A qui a dit tout haut ce que presque tous pensaient. Cela me permettra d'ajuster mon image pour éviter une prochaine déconvenue! Tout sert, tout peut se partager et tout contribue à faire avancer les choses!


Quand parle t-on de solidarité?

Je leur demande de distinguer les différentes notions derrière ce mot. On va de la solidarité pour aider les autres en général à la solidarité dans un groupe, une communauté, une famille. Ces 2 solidarités ne portent pas forcément les mêmes valeurs. J'aurais voulu les emmener à aller plus loin mais... où? plus dans le concept? Je tente une piste en leur lisant une citation polémique: La solidarité n'existe pas : n'existe qu'une coalition d'égoïsmes. Chacun reste avec les autres pour se sauver soi-même, de Francesco Alberoni. Ça relance mais toujours en visions compartimentées. Dans ce groupe, les échanges sont jusqu'à présent plutôt monologiques, c'est-à-dire que chacun donne sa vision des choses mais peu interagissent pour suivre une piste commune. Disons que la plupart en sont - du moins avec moi - aux premisses de l'acte de réfléchir sur ses opinions et visions du monde. Je continue de penser qu'il est plus difficile d'interagir efficacement dans un groupe de 27. Je décide de teste la semaine prochaine de diviser la classe en 2: discutant / observateurs


Demain, thème tiré au sort: qu'est-ce que le bonheur?


VENDREDI 12 février – 9h25 - 10h20

Depuis le début, je cherche à les attraper, les hameçonner, les surprendre... Je déploie beaucoup d'énergie pour ça!

Ce matin, en discutant du thème au petit déjeuner, mon fils nous fait écouter "il en faut peu pour être heureux" du livre de la jungle. Ça chemine en moi et je décide d'envoyer valser ma préparation d'hier pour leur proposer une petite pratique de l'attention "spécial bonheur". J'ai en tête de les faire réagir, rire, chanter, J'ai le trac, et me dis que je vais me bananer mais j'y vais! Je me mets à fredonner les premières notes et ça frémit chez certains. Je leur demande ce que c'est et, comme ils répondent, on se met à chanter ensemble (entre 6 et 10 élèves osent chanter ou fredonner)! Je suis fière d'avoir pu les faire bouger. Bien évidemment, certains sont imperturbables et ont l'air de franchement s'ennuyer... Je suis embêtée mais en même temps, toute à ma joie! Et eux?... ai-je réussi à leur transmettre quelque chose du thème par cette expérience? Peut-être. Par contre, à refaire, je dois m'appuyer plus sur ce moment vécu ensemble pour commencer la discussion. Il me semble avoir essayé mais peut-être pas assez clairement.

Et rapidement, je réalise que je ne veux plus diriger la discussion comme je l'ai fait lors des ateliers précédents; Je leur demande qui voudrait distribuer la parole. Plusieurs voudraient le faire. S, qui gère le temps, permettra que 4 élèves prennent ce rôle en charge sur la séance. Plusieurs veulent aussi noter les idées au papreboard. Depuis 2 séances, c'est comme ça. Les 3ème avec qui je travaille en ce moment ne réagissent pas comme ça. Est-ce une histoire d'âge, de contexte (classe entière), de personnalités? La question posée est difficile et ils donnent surtout des exemples de moments de bonheur. À mi-séance, je commence à intervenir sur les habiletés de pensée (je laisse la gestion de la parole aux élèves). J'aimerais les amener à conceptualiser plus mais je n'y arrive pas. Le bonheur existe t-il en tant que tel? ou ne vit-on que des moments de bonheur? deux réponses arrivent: le bonheur est différent pour chacun et Il en faut peu pour être heureux

Finalement, la seule ouverture que je vois, c'est de leur demander de poser chacun une question sur le bonheur. On obtient des pistes: le bonheur, il arrive quand? Est-ce que tout le monde est heureux? qui devient: est-ce que tout le monde a déjà connu le bonheur? Est-ce qu'on a besoin du bonheur? Est-ce que mon bonheur peut forcément être bénéfique pour les autres? Pourquoi on parle du bonheur? Est-ce que ne pas aller à l'école, c'est le bonheur?

La sonnerie retentit et je n'ai pas le temps de reformuler et catégoriser ces questions... 

Sentiments de frustration, de solitude, et un fond de confiance dans le processus qui m'échappe mais se déroule, que je le maîtrise ou non... ils prendront ce qu'ils ont à prendre. À la fin, petit debrief avec Anne-Marie et Karine qui nous a rejoint. Ils ont du mal à interagir, oui mais on voit bien et on entend bien qu'ils gambergent, réagissent à mi-voix ou avec leurs voisins. La machine à pensée est en route et je veux croire que c'est un des buts de ces ateliers.


Pour la semaine prochaine

Créer un groupe de discutants et un groupe d’observateurs des compétences : 13 chaises et 14 discutants au centre assis par terre.

Jeudi : Inverser les groupes

Vendredi : en parler dans la séance-bilan


MERCREDI 17 février – 8h30 - 9h25

Mise en place des deux groupes.

Question tirée au sort: Est-ce une bonne idée de garder le silence?

Avant de chercher à répondre, il faut débroussailler le terrain. Se demander par exemple pourquoi on garde parfois le silence et qui peut garder le silence sur la planète?


Extraits: quand ce qu'il y a à dire est trop dur à dire, quand on souffre, quand on est victime, quand on est triste, quandon ne veut pas inquiéter, quand on boude, quand on a honte, quand on a peur, on est enervé, quand on dort, quand on est mal, quand on veut profiter pleinement de quelque chose, pour ne pas blesser l'autre, quand on écoute

Qui garde le silence? : les hommes, les pierres, la planète, les personnes muettes, les animaux, les plantes, la nature en général. Des groupes humains qui n'ont pas le choix de garder le silence? les enfants, ceux qu'on menace.


Je réalise en réécoutant la séance qu'avec ces jeunes de 13/14 ans, j'ai du mal à évoquer les habilités de pensée. Avec les 3ème de Jean Garcin, je passe constamment de la discussion à l'analyse des fonctionnements de pensée. Ici, j'ai l'à priori qu'ils ne vont pas en saisir le sens. Mon sentiment est qu'ils sont encore pas mal autocentrés, avec des difficultés à s'intéresser à ce qui n'est pas dans leur monde proche. Étonnant comme en une année, les choses vont évoluer...


Pratique de l'attention en prenant quelques instants pour écouter le silence (50 secondes dans un silence total)


Retours: Ça détend / on entend les bruits du corps / désagréable, je n'aime pas le silence / pareil que P. / angoissant / j'ai aimé, j'aime quand il n'y a pas de bruit / ça fait du bien des fois d'avoir du calme 


En réécoutant, je crois que j'ai oublié de donner la parole à la synthétiseuse (:

Mais immédiatemment, je décide de commencer la prochaine séance avec sa présentation. Se planter, en tirer des conclusions, réajuster :))


La mise en place des 2 groupes, avec la distribution des rôles prend 5'30''. 


Extraits: garder le silence, c'est ne pas s'exprimer de ce qu'on veut dire, donc c'est pas bien / quand il nous est arrivé quelque chose de mal / pour ne pas être jugé par les autres parce qu'on n'a pas le même avis


Voyant qu'ils recommencent à donner des exemples de circonstances, je propose à la distributrice de la parole (changer pour président de séance?) de relancer la question de départ pour aller plus loin. Habileté?


Extraits: Y en a, ils arrivent pas à sortir de la misère / ça peut être une marque de respect parfois le silence / il faut parler pour s'en sortir, pour sortir de ses problèmes / c'est la meilleure façon /

... long silence... je leur demande s'ils souhaitent que je les aide en relançant ou non. La distributrice dit oui! mais P. dit: c'est le sujet sur quoi on travaille, le silence, donc on travaille! Je leur propose de suivre cette proposition au premier degré. Que se passe t-il en ce moment dans cette discussio? 


Extraits: le silence, ça permet de réfléchir / moi je trouve qu'on a fait le tour de la question / on revient sur les mêmes choses / on tourne en rond, on répète les mêmes choses / est-ce que c'est facile de parler de ses problèmes?* / il faut la confiance / on peut être guidé vers la bonne personne / Karine* prend finalement le rôle de la relance /avez-vous pu résoudre des problèmes en en parlant?* / ça fait plus de mal d'en parler / pleurer ça fait du bien aussi / la parole, ça fait du bien

Je propose une relance: est-ce que la planète garde le silence et est-ce une bonne idée?

elle garde le silence sinon il n'y aurait pas de pollution / elle fait des signes qu'il faut qu'on agisse / le réchauffement climatique / c'est pas le soleil qui a des problèmes! / j'ai rien à dire

T. indique qu'il reste 3 minutes.
Je demande: Comment faire pour que chacun puisse prendre la parole avant de terminer? La distributrice fait une tentative en demandant qui veut parler. J'évoque un dernier tour de cercle.

Univers / difficulté / tristesse / je sais pas / je sais pas / repos / je sais pas / calme / difficulté d'exprimer des idées / je sais / je sais pas

Il reste un peu de temps...

Dernières prises de parole: On pourrait demander qui pense que c'est mieux de garder le silence et qui pense l'inverse?Chacun répond. Pourquoi c'est mieux de garder le silence?* / parfois ça peut aggraver les choses / mais tu peux te sentir mieux après / je suis pas d'accord, si t'en parles pas, ça peut empirer / si t'en parler à quelqu'un de confiance?

Je propose à la gardienne du temps de clore la séance.


Restitutions des observateurs

Une dessinatrice montre qu'elle a dessiné son amie dont c'est l'anniversaire. Sur le moment, je ne sais pas quoi en faire... À la réécoute, j'imagine que je pourrais inclure en généralisant et en reliant au thème ( on peut être en silence avec un ami?). J'ai bon espoir que toutes ces réécoutes fassent avancer ma pratique :)


synthétiseuse:  j'ai noté des définitions: le mal, être jugé, la peur, le respect, se forcer à parler, parler ça fait du bien, c'est difficile de trouver la bonne personne. 

preneuse de notes: avoir peur du jugement et enrichir le débat

Je leur témoigne qu'ils ont noté beaucoup de choses!

Achille fait une pirouette en voulant garder le silence sur ce qu'il a observé

M: il y a eu des rebondissements et tout le monde a dit ce qu'il en pensait

S: y en a qui n'ont pas parlé


Prochaine question: A t-on vraiment de la liberté?


JEUDI 18 février – 14h - 15h

Cette 2ème séance en demi-groupe a bien fonctionné. On dirait qu'ils ont intégré les consignes hier et qu'aujourd'hui, ils commençaient à se sentir à l'aise. J'ai aussi l'impression que la plupart se sentent à l'aise avec moi. Au bout de 9 séances!!!

Grâce à ces jeunes, j'ai encore appris beaucoup et le prochain groupe bénéficiera de notre expérience. La communauté de recherche se fait dans l'espace mais aussi dans le temps!

Concernant le sujet du jour, encore une fois, ceux qui ont parlé ont à eux tous dit les grands axes que l'on retrouve systématiquement, plus les réponses liées au contexte actuel:

- aujourd'hui, on n'est plus libres: on ne respire plus...

- on a toujours une part de liberté

- ma liberté s'arrête quand je dérange les autres

- la liberté, c'est le bonheur. Comment mettre des limites à notre envie de bonheur?

- on est obligés d'aller à l'école

- dans la société, il y a des règles nécessaires

- on n'est pas tous libre de la même manière, ça dépend de notre statut social


VENDREDI 19 février – 9h25 - 10h20

Ce matin, pour notre dernière séance je leur ai proposé un rituel un peu particulier. Je leur ai demandé s'ils étaient d'accord de baisser chacun leur masque à tour de rôle en disant leur prénom de façon à ce qu'on puisse voir nos visages et nos expressions. Moment émouvant pour moi mais aussi pour Sarah et Anne-Marie qui ont témoigné l'émotion de voir combien les visages avaient changé depuis 1 an... Seul, un jeune a souhaité garder son masque et je l'ai aussi remercié d'avoir eu le courage de dire non à ma proposition, d'oser avoir affirmé un choix différent.

Puis ils ont répondu à 4 questions-bilans:

- quel est l’atelier qui vous a le plus plu ? Pourquoi ?

- qu’est-ce qui vous a le plus plu dans ces ateliers ? Pourquoi ?

- qu’est-ce qui a pu vous déplaire ou vous décevoir ? Pourquoi ?

- qu’avez-vous appris en général et en particulier sur vous à l’issue de cette expérience philosophique ?

Chaque groupe avait une des questions. Ils ont discuté ensemble puis chacun a noté sa réponse par écrit. Quand on s'est retrouvé en groupe entier, les portes-parole ont lu toutes les réponses. 

Et pour finir, nous nous sommes demandés à quoi ça servait de se poser des questions et si c'était vraiment utile pour notre vie.

Certains ont témoigné qu'ils se psoaient beauoup de questions et dont certaines étaient... bizarres. En voici trois:

- est-ce que ce sont les daltoniens qui voient les mauvaises couleurs ou les autres?

- est-ce qu'on est les seuls dans l'univers?

- est-ce que je vis vraiment ou je suis dans un coma et je crois seulement vivre?

À suivre :))